Le 5 avril dernier, les élèves de 5eB du Collège Chevreul ont assisté à Quais du Polar. Ils en ont ramené interviewes et articles exclusifs…
La Classe Reporters, qu’est-ce que c’est ?
Festival international des littérature policières se déroulant à Lyon, Quais du Polar initie de nombreux rendez-vous culturels et pédagogiques tout au long de l’année. Et notamment à direction des publics scolaires — lecteurs d’aujourd’hui et de demain. Lancé en 2022, le projet La Classe Reporters propose à des collégiens de participer à des ateliers d’initiation au médias avant de se lancer dans le “grand bain” d’un travail journalistique lors du festival.
Pour cette édition 2024, les élèves de la classe de 5eB du Collège Chevreul (Lyon 2e) se sont prêtés au jeu, guidés par Anne-Françoise Bruneel, professeure de lettres et Hélène Cartron, professeure documentaliste. Stimento les a accompagnés en amont et publie ici le fruit de leur labeur. Qui sait : en eux sommeillent peut-être les futurs Albert Londres et Florence Aubenas…
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Expérience et Adrienne : portraits croisés de libraires

À l’occasion de Quais du Polar, Morgane Le Bris de la librairie Adrienne et Jean-Louis Musy de la librairie Expérience étaient “hors les murs” dans l’enceinte du Palais de la Bourse. Rencontre sur leur stand.
Par Noam Abergel, Victoire Heugel Varnet, Rayan Maherzi, Gaïa Mazzoni–Le Feyer, Louise Mopty, Manon Royer, Timéo Sillard.
Depuis 20 ans, Quais du Polar est apprécié par ses visiteurs pour sa Grande Librairie qui réunit dans la Salle de la corbeille du Palais de la Bourse une dizaine de libraires proposant des sélections d’ouvrages policiers ainsi que des dédicaces d’auteurs. Trois jours durant, les lecteurs se pressent parmi les innombrables livres offerts à leurs convoitise, sachant qu’ils peuvent compter sur les conseils d’experts érudits derrière les étals. Deux d’entre eux ont bien voulu se livrer davantage non sur leur fonds, mais sur leur histoire : la jeune Morgane Le Bris et l’expérimenté Jean-Louis Musy.
Du grenier à la cave
Morgane a ouvert la librairie Adrienne il y a 2 ans et demi, au 70 rue de la Charité à Lyon. Dotée d’un salon de thé à l’étage, cette librairie de type généraliste propose en permanence des “livres de fonds”, ainsi que des nouveautés qui sont lues avant d’être mises en rayon. Outre Morgane, un salarié est présent 20h par semaine.
La librairie Expérience que dirige Jean-Louis est plus ancienne. Fondée en 1973 à Lyon également, on la trouve depuis 1990 dans un caveau de la place Antonin-Poncet. Il suffit de descendre quelques marches pour arriver dans cet antre de la BD francophone (mais aussi du manga et des comics)abritant de nombreuses pépites. On peut ainsi trouver dans une salle à l’arrière des figurines et des posters de ses héros préférés… et aussi les admirer au plafond, dessinés par tous les auteurs et artistes ayant dédicacé les voûtes depuis plus de trente ans ! Les initiés apprécient d’ailleurs ces rencontres, souvent nocturnes, accompagnées de fromage et de charcuterie.
Des parcours insolites
Pour Morgane, tout commence… après 9 ans de dur labeur : à la fin de ses études d’ingénieure, elle décide de suivre une formation de libraire pour pouvoir ouvrir sa propre librairie. Grande lectrice — 2h par jour et 10h le week-end —, Morgane lit de tout, avec une prédilection pour les livres « sincères plutôt que prétentieux ». Et si elle avoue prendre beaucoup de plaisir à pouvoir en conseiller des titres à des lecteurs et clients, elle regrette seulement de ne jamais avoir le temps de lire quand elle travaille : pour elle, « c’est la lecture qui nourrit le travail. Plus on lit, plus on a envie de lire. »

C’est la passion de la BD qui a amené Jean-Louis à rejoindre Expérience voilà plus de 20 ans. Avec ses trois collègues, ce spécialiste du 9e Art et pour ses trois collègues veille à donner les meilleurs conseils de lecture à ses clients — aux nouveaux comme aux habitués. Il connaît sur le bout des doigts des centaines de références classiques, de Marvel à L’Arabe du futur de Riad Sattouf… Il se montre également incollable sur la BD franco-belge.
À Quais du Polar
Le stand d’Adrienne est un genre fourre-tout : la plupart des livres qu’elle vend sur son stand sont ses coups de cœur, et d’autres lui ont été assignés. D’après son expérience, les polars nordiques marchent très bien. Mais il y a aussi beaucoup d’auteurs irlandais, qui font essentiellement des romans noirs. Elle en profite pour nous partager ses conseils de lectures et recommandations pour les 12/13 ans : les séries Le Bureau des histoires étranges (Flammarion) et Jefferson de Jean-Claude Mourlevat (Folio Junior).
Habitué de Quais du Polar, Jean-Louis y vient depuis sa création en 2002. Il y présente de nombreux romans graphiques, souvent en noir et blanc, comme Batman : The Killing Joke d’Alan Moore sorti en 1988, Punk Rock Jesusde Sean G. Murphy… et surtout son dernier coup de cœur : BlackSad tome 7 : Alors, tout tombe de Guarnido. Il s’agit d’une BD qui mélange le film noir et des personnages humains à tête d’animaux, le tout peint à l’aquarelle. Un vrai polar !
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Laurent Martin : « Je m’inspire de tout ce qui m’entoure »

À Quais du Polar, le romancier Laurent Martin1 nous explique son inspiration, son métier d’auteur… Rencontre avec un roi du polar.
Propos recueillis par Adame Boulebsel, Simon Jouassin—Pariat, Mayeul Martin, Rafael Martins-Jacinto, Axel Richard, Marius Richard, Sacha Servoise.
Pourquoi êtes-vous à Quais du Polar ?
Je suis à Quais du Polar car mon style d’écriture varie entre le polar et la science-fiction. Je suis un habitué de Quais du Polar. J’ai même été présent lors de la première édition du festival. Mais je n’ai pas fait toutes les éditions. Parfois, j’écrivais moins pour la littérature mais plus des textes pour la radio.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir écrivain ?
Devenir auteur n’était pas du tout ce que je voulais faire quand j’étais enfant. A l’âge de 12 ans, j’écrivais des pièces de théâtre avec mon cousin, mes frères et sœurs et je lisais beaucoup de livres. Mais ça ne m’est jamais venu à l’esprit que je pourrais en faire mon métier. Je n’ai pas fait des études de littérature mais des études scientifiques. J’ai finalement voulu devenir auteur entre 25 et 30 ans, quand un de mes collègues s’est lancé dans l’écriture. J’ai tout de suite été jaloux et j’ai voulu écrire aussi un livre.
Pourquoi le polar ?
Je trouve que le polar est ancré dans le réel, c’est ce que j’aime car je trouve que mon imagination part du réel. Par exemple, j’aurais plus de difficulté à écrire du fantastique car je n’en lis pas beaucoup. Si je voulais changer de genre, je prendrais plutôt de la science-fiction qui se rapproche plus du polar que du fantastique.
« Je n’aime pas tous mes livres »
Quelle est votre source d’inspiration, d’imagination et quelles sont les personnes qui ont été importantes dans votre carrière ?
C’est un cumul de plein de choses : c’est à la fois ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu, ce que j’entends, les échanges que j’ai… La somme de tous ces éléments me permet de créer un univers, de créer un monde et d’enrichir mon écriture. Je m’inspire aussi de tous les livres que j’ai lus. Certains de ces livres me touchent soit par la façon dont l’auteur écrit, soit par la création poétique des écrivains dont je m’aide pour écrire mes livres. La personne qui a été importante dans ma carrière est mon premier éditeur, Patrick Raynal. S’il n’avait pas publié mon premier livre, je ne pense pas que j’aurais continué dans l’écriture.
De tous les livres que vous avez écrits, lequel vous a procuré le plus de fierté ; lequel aimez-vous le moins ?
Je n’ai pas de livre préféré mais il y a trois livres que j’apprécie beaucoup : Des rives lointaines, Tremblement de terre et L’Ivresse de dieux. Ce dernier est le premier roman que j’ai publié, il a même gagné un prix de littérature policière. Je n’aime pas tous mes livres : il y en a certains que j’aurais écrits différemment si je les avais écrits deux, trois ou quatre ans après. Mais je n’ai pas de regret par rapport à ces livres.
Etes-vous en train d’écrire un livre ?
Oui, mais je n’ai pas encore trouvé le titre. C’est une enquête qui dure trente ans (entre 2005 et 2035). Dans cette enquête, le personnage principal ne vieillit jamais. Je n’ai pas écrit la fin du roman. Je ne sais pas encore sur quel sujet porte l’enquête !
- Dernier ouvrage paru : On mange froid (Faction), 112 p., 8,90€. ↩︎
